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    Stammtisch du 17 novembre 2017

     

    Ce ne sont pas moins de 55 personnes qui sont venues le 17 novembre à l’Ancre d’Or écouter Catherine Gangloff, professeure d’arts plastiques et plasticienne, et Robert Becker, amateur d’art et collectionneur et présenter leurs regards croisés sur l’art moderne et l’art contemporain.

     

    Par quelques photos d’œuvres d’art bien choisies les auditeurs ont remonté le cours du temps. Ainsi les prémisses de l’art moderne apparaissent dès 1885 avec les Impressionnistes qui, grâce à l’invention de la peinture en tubes peuvent sortir des ateliers pour peindre la nature à la lumière naturelle, avec l’émergence de la photographie s’autorisent une représentation non figurative de la réalité, et par l’influence des arts chinois et japonais découvrent un autre regard sur l’art en général.

     

    Manet et Courbet sont des précurseurs. Mais c’est Cézanne qui dans ses représentations de la montagne Sainte-Victoire reconstruit le paysage dans un jeu des formes et des couleurs suivant des lignes de tension qui interpelle le spectateur l’invitant ainsi à s’attarder, à s’interroger et à chercher son chemin dans l’œuvre picturale.

     

    Dès 1907, Picasso, dans « Les demoiselles d’Avignon », pose les bases du cubisme. A travers toute l’Europe, c’est l’effervescence dans le monde des arts : dadaïsme et art africain, fauvisme et couleurs primaires, expressionisme et lignes dures … C’est une appropriation singulière et originale par chaque artiste d’une réalité simplifiée à la plus élémentaire expression des formes et des couleurs.

     

    Matisse, avec ses collages, augure un art d’assemblage et Jean Arp travaille de la même façon sur la mémoire , le temps et aussi sur ce qu’est une surface.

     

    C’est Rauschenberg, dans les années 50, qui lance le Pop Art, mélange d’assemblage, collage, peinture et objets du quotidien. L’art contemporain naît donc dans ces années-là, années de naissance de la société de consommation de masse. C’est donc un art de répétition, d’accumulation, d’interrogation et de recherche intellectuelle. C’est un art qui qui demande à s’arrêter longuement devant une œuvre pour la lire, la questionner et redécouvrir la démarche de l’artiste. C’est un art qui dépasse les émotions mais qui ne laisse personne indifférent ! A chacun d’aller au-delà de « J’aime ! » ou « Je n’aime pas ! » en interpelant l’oeuvre.

     

    La soirée s‘est poursuivie par un bon repas comme à l’accoutumée. mais … une grande émotion a régné à l’annonce faite par Véronique et Philippe que ce serait le dernier Stammtisch à l’Ancre d’Or. En effet, le restaurant aura fermé ses portes pour le prochain Stammtisch le 15 décembre. C’est une belle aventure qui s’achève dans les murs de l’Ancre d’Or mais souhaitons encore longue vie au Stammtisch dans d’autres lieux. Ce sera donc « Au Bœuf » de l’autre côté de la rue.

     

     L’équipe du Stammtisch vous invite à venir nombreux ce soir-là, pour chanter avec le Méloband (Mélodie en Chœur) de Reichshofen, les chants de Noël et autres belles chansons françaises.

     

    Stammtisch du 15 septembre 2017

     

    Disparition des langues :

     

    le français subira-t-il le sort de l’alsacien ?

     

     

     

    Pierre Frath

     

    CIRLEP EA 4299

     

    Université de Reims

     

    pierre.frath@univ-reims.fr

     

    http://www.res-per-nomen.org

     

     

     

     

     

    Rassurons tout de suite le lecteur : posée ainsi, cette question appelle naturellement une réponse négative, du moins dans un futur prévisible. Cependant, ce titre volontairement provocateur entend tout de même donner une forme linguistique à l’impensé afin qu’il ne soit plus impensable et que des prises de conscience se fassent. Car la question de l’affaiblissement du français et d’autres langues européennes pourrait bien s’imposer à nous dans un avenir que j’espère lointain, mais dont je crains fort qu’il ne soit déjà perceptible d’ici une génération ou deux. L’histoire nous donne beaucoup d’exemples de langues très utilisées et influentes qui se recentrent ensuite sur une aire géographique restreinte ou disparaissent totalement. Pourquoi le français serait-il à l’abri ?    

     

     

     

    Dans cet article, je parlerai tout d’abord de l’affaiblissement de la langue alsacienne au cours des décennies écoulées et de sa disparition sans doute inéluctable dans les deux ou trois générations qui viennent. On présente généralement l’alsacien comme la victime d’une politique d’éradication des langues régionales entreprise par un état jacobin et centralisateur, ce qui n’est pas faux. Mais ce procès a été fait ad nauseam, et l’auto-victimisation dans laquelle nous nous complaisons souvent ne mène pas à grand chose d’autre qu’à une sorte de fatalisme vaguement populiste sur l’histoire qui ne nous a pas épargnés et l’état qui a mal récompensé notre amour pour la France[1]. J’aborderai la question plutôt à partir du vécu et des pratiques linguistiques de ma génération, celle du baby-boom, qui fut la première à ne plus parler l’alsacien à ses enfants. J’essaierai ensuite de voir les points communs entre nos attitudes et celles qu’on perçoit déjà parmi les élites politiques et intellectuelles dans notre pays par rapport à la langue anglaise. J’évoquerai ensuite brièvement la grande déficience des politiques linguistiques françaises et européennes et je ferai quelques recommandations qui pourraient sauver le français et d’innombrables autres langues de la destruction massive qui s’annonce.

     

     

     

    Disons tout d’abord que ce texte ne sera une charge ni contre la langue anglaise ni contre les Anglophones en général. D’une part parce qu’en tant qu’angliciste, j’aime l’anglais et que je me considère plutôt comme anglophile, et d’autre part, parce que les anglophones sont très largement innocents des catastrophes annoncées. Celles-ci sont plutôt à mettre sur le compte du conformisme de nos contemporains, surtout de ceux qui se considèrent comme l’élite intellectuelle et politique du pays.

     

     

     

    Cet article ne sera pas non plus un article de recherche pure. Le chercheur considère fort justement que son rôle est d’analyser l’existant, éventuellement en relation avec le passé. Or c’est le futur qui nous intéresse ici, un futur qu’il s’agit d’éviter. Ce texte est donc avant tout politique.

     

     

     

    A elsaessische kindheit

     

     

     

    Les lignes qui suivent décrivent un vécu dans lequel toute une génération d’Alsaciens de mon âge se retrouvera sans doute. Le monde dans lequel nous vivions jusque dans les années soixante-dix était, à une exception près, entièrement dialectophone. L’exception était de taille, c’était l’école. Mais le règne du français y était toutefois circonscrit à la salle de classe ; la cour était en effet  aussi dialectophone que la rue, la famille, les magasins, les administrations, les usines, etc. J’habitais une banlieue de Strasbourg, Cronenbourg, où se trouvait une gare de triage. Les ordres de décrochement des wagons étaient donnés urbi et orbi par haut-parleur en alsacien, et les imprécations qui s’abattaient sur le pauvre malheureux qui avait commis une erreur étaient proférées dans la même langue. Mes étés d’adolescent furent partiellement consacrés à des travaux alimentaires dans des usines : la communication entre les ouvriers se faisait intégralement en alsacien, au point que les travailleurs immigrés apprenaient l’alsacien plutôt que le français, et qu’on rencontre encore aujourd’hui des retraités originaires de Yougoslavie, d’Afrique du Nord ou du Portugal tout à fait dialectophones. Ma grand-mère ne parlait pas français, et quand elle m’écrivait, c’était en allemand, car il allait sans dire que la langue de Goethe était la forme écrite des innombrables variétés de la langue alsacienne. Je lui répondais naturellement dans la même langue. Comme elle estimait que mon niveau d’allemand était insuffisant, elle m’incitait à lire la version allemande des Dernières Nouvelles d’Alsace qui nous était livrée à la maison tous les matins. Naturellement, seules les chaînes allemandes de télévision avaient droit de cité en sa présence.

     

     

     

    J’ai passé mon adolescence à l’internat de l’Ecole Normale de l’Avenue de la Forêt-Noire, à Strasbourg, et là aussi, l’essentiel de la communication entre les élèves se faisait en alsacien. Nous étions pourtant les futurs hussards de la République chargés d’inculquer le français et la connaissance aux masses laborieuses des villes et des campagnes. C’est dire que la langue alsacienne était bien implantée et qu’elle allait de soi comme l’air que nous respirions. 

     

     

     

    Vingt plus tard, l’alsacien était moribond : que s’était-il passé ?  

     

     

     

    « Il est chic de parler français »

     

    Ce slogan figurait sur les bus strasbourgeois après la guerre et entendait promouvoir  la langue française. L’alsacien, lui, n’était pas « chic », et même plutôt « plouc », voir carrément « boche », comme nous le faisaient gentiment savoir nos compatriotes « de l’intérieur » lorsque nous nous aventurions au-delà des Vosges. Il était chic de parler le français, disait-on, même avec un gros accent, même dans cette variété de langue franco-alsacienne, qu’on appelle maintenant le fralsacien, et qui comprend des tournures comme « ils veulent de la pluie » pour « la météo annonce de la pluie » (se welle reje) ou « j’ose pas » pour « je n’ai pas le droit » (ich derf net). Les locuteurs adultes du fralsacien sont pour la plupart dialectophones. Les jeunes en revanche ne le sont pas le plus souvent, même s’ils le comprennent encore. Clairement, la prochaine génération sera éduquée en fralsacien.

     

     

     

    Mais troquer un dialecte germanique d’une certaine beauté contre un français bâtard, est-ce si « chic » que cela ? Comment en est-on venu à s’exprimer ainsi plutôt qu’en alsacien ? Il y a certainement un grand nombre de raisons, mais je vais en citer deux qui sont à mon avis prépondérantes. La première est liée à la Seconde guerre mondiale. Les Alsaciens n’ont pas voulu qu’on puisse les associer à la barbarie nazie. Ils ont alors collectivement entrepris de rejeter la partie germanique de leur être culturel et linguistique en affichant une détestation pour l’Allemagne et les Allemands et un amour sans limite pour la France et la langue française. Pour Frédéric Hoffet, dans sa « Psychanalyse de l’Alsace » (1951), ce problème est plus général et plus ancien. Selon lui, l’Alsacien est pris dans une dualité franco-germanique aussi difficile à vivre que constitutive de son être, et qui fait que « cette indésirable et haïssable partie d’eux-mêmes, ils prêteront la main au vainqueur pour l’étouffer » (p.103). En l’occurrence, après la victoire des Alliés, nous avons haï notre part germanique et œuvré à sa destruction. Toujours est-il que cela n’est pas allé sans une forme d’auto-détestation assez schizophrénique, et qui est peut-être la source de ce goût prononcé des Alsaciens pour la dérision et l’autodérision[2].  

     

     

     

    La seconde raison est la scolarisation en français. A l’école, tout se passait en français, et il  nous était interdit de parler alsacien.[3] Comment réagissions nous à cette interdiction et aux éventuelles punitions qui d’abattaient sur les contrevenants ? Eh bien, nous pensions que c’était légitime, que c’était pour notre bien, qu’il nous fallait apprendre le français le mieux possible, et que cela passait par une interdiction de l’alsacien. Je n’ai pas le souvenir d’une quelconque rébellion contre cette pratique. Nous étions français, et nous devions parler le français, même si ce n’était pas ainsi « que le bec nous avait poussé » (wie uns de schnavel gewachse esch).

     

     

     

    Pendant notre enfance, nous vivions ainsi sous un double régime linguistique, l’alsacien dans la vie de tous les jours et le français à l’école. Au fur et à mesure que nous grandissions, nous utilisions de plus en plus le français en dehors de l’école, y compris dans les familles, qui se mettaient alors partiellement au français, bon gré, mal gré. Cette période d’après-guerre fut aussi celle qui a permis aux enfants des classes populaires d’accéder massivement à l’enseignement supérieur. Nous nous sommes ainsi retrouvés à l’âge adulte avec des connaissances impossibles à exprimer en alsacien. Nos parents et grands-parents avaient été éduqués en allemand, et les mots de leurs savoirs ont pu aisément s’alsacianiser. Enfants, nous disions bien « zercht muech additionner, dann muech multiplier », mais il était clairement impossible de faire de tels mélanges dans des domaines complexes. On ne dira jamais assez à quel point la perte du lien des classes éduquées avec l’allemand a été un facteur d’appauvrissement de la langue alsacienne[4], dorénavant presqu’exclusivement confinée aux classes populaires pour la conversation de tous les jours dans la sphère privée. Or quand trop de locuteurs ne parviennent plus à exprimer leurs connaissances dans leur langue maternelle, celle-ci est au bord du gouffre. La tendance irrésistible est alors de parler à ses enfants dans cette autre langue, en l’occurrence le français, et de s’assurer que leur éducation leur permettra une bonne maîtrise d’une langue devenue celle de la réussite.

     

     

     

    Deux facteurs essentiels dans l’affaiblissement d’une langue sont donc la valorisation d’une autre langue ressentie comme prestigieuse et l’éducation dans cette langue, qui prive les locuteurs du vocabulaire correspondant à leurs connaissances. L’alsacien n’est naturellement pas la seule langue à avoir subi ce sort. Ce fut le cas aussi des autres langues régionales ainsi qu’une partie de celles parlées dans les anciennes colonies. Et l’anglais, l’allemand, le russe, l’arabe, l’espagnol, et bien d’autres ont eu le même effet sur les minorités linguistiques des pays où elles sont parlées et sur celles des peuples soumis à la domination coloniale ou impériale de leurs locuteurs.

     

     

     

     « C’est trop cool, l’anglais, c’est le top »

     

    Retrouve-t-on ces deux facteurs dans la relation des Français à la langue anglaise ?  Pour ce qui est du prestige, c’est indéniable. L’anglais envahit la sphère culturelle, scientifique et économique. Les artistes donnent des noms en anglais à leurs œuvres ; les jeunes chanteurs populaires préfèrent trop souvent l’anglais ; les slogans publicitaires sont en anglais (Shift Expectations, Connecting People, …) ; les entreprises sont rebaptisées en « tahitien » (Areva, Vivendi, Veolia, etc.), ou en anglais, souvent aléatoire d’ailleurs (Simply Market, Leader Price), voire les deux (Areva Nuclear Power, tellement plus « sexy » que Framatome, et donc sûrement moins dangereux). Même les graffiti sur nos murs sont en anglais ! Il en va de même des publications scientifiques. Dans des domaines entiers, même lorsque la France est en pointe, les chercheurs français n’envisagent plus de publier autrement qu’en anglais. Il n’y a que certains domaines des Sciences Humaines qui résistent encore, mais pour combien de temps ? Dans les entreprises, la communication interne se fait de plus en plus souvent en anglais, la plupart du temps sans vraie raison, et des domaines techniques entiers ont basculé vers la langue anglaise.

     

     

     

    Les partisans du tout anglais avancent des arguments pratiques : l’anglais ouvre l’entreprise sur le marché global ; publier en anglais est nécessaire si on veut être lu et reconnu ; le rock ne se chante pas bien en français, etc. En réalité, les contre-exemples abondent. Il est connu des économistes anglo-saxons que « you can buy in English, but you sell in the local language ». Concernant les Sciences Humaines, un coup d’œil à une bibliographie anglophone montre que les auteurs étrangers sont très peu cités, même quand ils écrivent en anglais, et que donc, quitte à ne pas être cité, autant écrire correctement dans sa langue maternelle. La chanson française a créé de très belles choses jusqu’ici, et le passage à l’anglais la fera disparaître en tant que telle, même si tel ou tel chanteur français réussit une carrière en anglais.  

     

     

     

    Les raisons pratiques avancées ne sont pas les vraies raisons. Les Français ont, semble-t-il, commencé à considérer leur langue comme « ringarde »[5], déconnectée de la modernité, qui est anglophone comme chacun sait. Il est tellement chic (pardon : « cool ») d’émailler son propos de mots anglais. Il y a là certainement un élément de snobisme et une bonne dose de conformisme. On pourrait ne pas s’en soucier si par ailleurs on était sûr que le français continue à être la langue de la culture et de la science. Or cela n’est pas acquis. Pour l’instant, la plupart des chercheurs écrivent d’abord en français puis traduisent, souvent avec peine, leurs textes en anglais. Mais si leur compétence s’améliorait, alors il est à craindre que les cours ne finissent par se faire en anglais[6]. Si cela devait arriver, les Français se trouveraient rapidement dans la situation des Alsaciens des années 80, incapables d’exprimer leurs connaissances dans leur langue maternelle.

     

     

     

    Nous serions alors proches de la situation qui prévaut en Suède, si l’on en croit le Sydsvenska Dagbladet du mercredi 19 mars 2008, où l’on apprend que « Les Suédois redoutent de se voir imposer de parler anglais ».

     

    « Le statut de la langue suédoise n'est plus aussi évident que dans le passé. Dans certains milieux, notamment chez les personnes avec un haut de niveau de formation technique, médicale et scientifique, le suédois a été quasiment remplacé par l'anglais. C'est ce qu'on appelle une perte de domaine. Les défendeurs de la langue redoutent que le suédois subisse, au cours des prochaines années, un recul similaire dans d'autres secteurs du monde du travail et de la politique. »[7]

     

     

     

    Si l’anglais devient la langue de l’entreprise et des connaissances, donc celle de la réussite, alors il est à craindre que les classes aisées ne souhaitent mettre leurs enfants dans des écoles anglophones, ainsi que cela se pratique déjà dans certains pays. Si cela devait arriver, la fin serait proche. A moins d’un sursaut, le français se trouverait rapidement relégué aux secteurs folkloriques de notre culture, la gastronomie, les vins et le luxe.[8] 

     

     

     

    Il semble qu’en France nous ne soyons pas collectivement conscients des enjeux linguistiques, et nos élites encore moins que tous. Citons à ce propos les paroles d’Abdou Diouf, le Président de la Francophonie, publiées dans Le Monde du 20 mars 2010 :    

     

    « Les Français doivent faire l'effort de se penser dans un ensemble linguistique dynamique et créateur de diversité culturelle. A la tête de l'organisation de la francophonie depuis quatre ans, je ne parviens toujours pas à m'expliquer, ni à expliquer aux francophones militants qui vivent sur d'autres rivages, le désamour des Français pour la francophonie. Désamour, désintérêt, méconnaissance ? Il est vrai que les médias français, légitimement préoccupés par les crises qui ébranlent le monde et par la politique européenne, ne trouvent que peu de place à lui consacrer, si ce n'est une fois tous les deux ans, à l'occasion du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, et encore... »[9]

     

     

     

    L’indigence de la défense du français par la France n’est dès lors pas surprenante. Donnons-en un seul exemple. Au mois d’octobre 2009, on apprend que « La Présidence suédoise de l’Union européenne vient d’informer oralement les gouvernements qu’elle envisageait de tenir exclusivement en anglais ses prochaines réunions informelles »[10], éliminant ainsi les deux autres langues de travail que sont le français et l’allemand. Que fit notre Ministère des Affaires Etrangères ? Rien du tout. C’est ainsi que, de renoncements en abandons, nous atteignons maintenant les rives de la Bérézina. Il y a certes des actions en faveur du français ici ou là, dans certains ministères, mais elles ne sont pas l’expression d’un dessein national clairement formulé. Il s’agit le plus souvent du travail de quelques passionnés qui réussissent à disposer d’un budget, et dont la qualité est souvent exceptionnelle[11]. Pour ce qui est des programmes linguistiques européens, leur insuffisance est manifeste, non en raison d’un manque de qualité intrinsèque, mais à cause des déficiences de la politique linguistique de l’Europe, qui évite soigneusement les questions qui fâchent. Mais ce n’est pas le lieu d’en parler ici[12].

     

     

     

    Résistance

     

     

     

    Si les langues européennes devaient disparaître, le français serait sans doute la dernière à succomber. Elle résisterait en tous cas bien plus longtemps que l’alsacien, car il y a de grandes différences. D’abord, le français standard n’est pas dans la dépendance d’une autre variété, comme l’alsacien de l’allemand. Ensuite, le français est encore une langue avec un rayonnement international et une production considérable dans tous les domaines, ce qui n’a pas été le cas de l’alsacien. Enfin, les locuteurs natifs du français jouissent encore d’une assurance culturelle qui leur fait regarder l’affaiblissement de leur langue avec bonhomie : ils le constatent, mais n’y croient pas réellement. Un Claude Hagège[13] par exemple est régulièrement moqué pour ses positions alarmantes sur la disparition des langues. Cette assurance culturelle est certainement une bonne chose, mais elle n’incite pas à prendre des mesures. Il est à craindre que lorsque le doute commencera à effleurer les esprits, nous n’assistions à un effondrement complet. C’est déjà le cas dans les universités, où l’on encourage la publication en anglais de façon militante, en dehors de toute raison, comme une sorte de mantra. Il n’est que de parcourir la liste des projets de recherche européens, presque tous présentés en anglais, alors que le français est tout à fait accepté. C’est aussi le cas maintenant de nombre de projets franco-français financés par l’Agence Nationale pour la Recherche, ce qui est tout de même un comble.

     

     

     

    Les langues sont ainsi comme le poisson : elles commencent à pourrir par la tête. La bourgeoisie alsacienne n’a pas levé le petit doigt pour la défense de l’alsacien. Au contraire elle s’est servie du français pour se distinguer du vulgum pecus. [14] Il est à craindre que les élites françaises ne fassent pas mieux.

     

     

     

    Quelques suggestions pour le français

     

     

     

    Que faire ? La situation n’est pas désespérée et il reste des marges de manœuvres importantes pour peu qu’une prise de conscience se fasse et que des mesures de simple bon sens soient prises. On devrait commencer par légiférer sur l’usage de l’anglais dans les sciences, les media et les entreprises[15], en prenant garde à ne pas proposer de solutions simplistes à base d’ignorance de l’autre, premier pas vers le rejet.[16] Les actions sont à mener de façon concomitante sur deux fronts, celui de l’attractivité du pays, et celui des mesures linguistiques proprement dites. L’un sans l’autre n’aura que peu d’effet.

     

     

     

    ·         Attractivité

     

     

     

    La francophilie[17] est un sentiment répandu dans le monde, et beaucoup d’étrangers accordent à la France une place particulière dans le concert des nations et la culture mondiale. Nous touchons ici le nœud du problème : le rayonnement d’un pays est dans le regard des autres[18]. Il faut donc travailler sur l’image du pays, notamment au niveau politique, où de réels progrès sont possibles. Du côté de la production des œuvres de l’esprit, il faut faire en sorte que la créativité artistique, littéraire et scientifique continue de se développer et surtout, qu’elle dispose de moyens pour sa diffusion : internet, radios FM, chaînes du type TV5, réseaux pour l’édition et le cinéma, etc. Du côté des publications scientifiques, il serait bon de prendre modèle sur l’édition britannique, et de mettre en place une véritable politique de publications en français. A l’heure actuelle, en France, presque toutes les revues scientifiques,  notamment dans les Sciences Humaines, sont éditées par des bénévoles, avec des bouts de ficelle, des tirages forcément réduits, et aucune aide à la distribution. Il ne faut dès lors pas s’étonner de leur diffusion restreinte. Si la qualité est bonne, les étrangers liront les publications en français, si elles sont disponibles. Ils le font d’ailleurs dans les domaines qui ne sont pas encore passés avec armes et bagages à l’anglais. Ce serait aussi le moyen de ne pas perdre de domaines, comme le suédois.

     

     

     

    L’attractivité d’un pays repose aussi sur l’attribution généreuse de bourses d’études. Un étudiant est un futur cadre dans son pays, et s’il est francophone, il se tournera naturellement vers notre pays par la suite. C’est donc un bon investissement. C’est pourquoi il faut résister à la tentation d’organiser des cursus universitaires en anglais pour les étrangers. Il y a plusieurs raisons à cela, que je n’ai pas la place de développer ici[19]. Je ne vais en donner qu’une seule : les universités françaises attireront essentiellement des anglophones non-natifs, et pas forcément les meilleurs, car ceux-ci iront étudier dans les pays anglophones. Nous serons ainsi amenés à donner des cours d’anglais à ces étudiants-là. Autant mettre l’accent sur un accueil performant en Français Langue Etrangère, donnant ainsi un sens à la vie de nos collègues étrangers qui enseignent le français, et à leurs étudiants, souvent excellents. Rappelons aussi que c’est justement la langue et la culture françaises qui sont un facteur de motivation pour les étudiants étrangers, un choix souvent fait en réaction contre la domination anglo-saxonne.

     

     

     

    ·         Défense politique du français

     

     

     

    La défense du français est un acte politique. Elle ne peut pas se confondre avec les actions culturelles et pédagogiques, souvent de qualité, mises en œuvre par diverses institutions (Ministère des Affaires Etrangères, Ministère de l’Education Nationale, Alliances Françaises, etc.), dont l’importance est primordiale, mais qui n’ont de sens que par rapport à une volonté politique clairement affichée. Il est indéniable que les institutions européennes, si elles n’ont pas agi ouvertement contre le français, ont tout de même mis en place des pratiques qui l’affaiblissent considérablement. Rappelons que Georges Pompidou avait posé comme condition à l’entrée des Britanniques dans le Marché Commun de n’envoyer à Bruxelles que des fonctionnaires francophones, ce qu’ils avaient volontiers accepté. La situation s’est dégradée avec l’arrivée des Scandinaves en 1992, très anglophones et très méfiants culturellement par rapport aux Latins, et qui ne se sont pas pliés à cette obligation imposée aux Britanniques. L’arrivée massive des pays de l’Est en 2004 a sonné le glas de ce qui restait de la prééminence du français. Il est remarquable que les gouvernements français, de gauche comme de droite, n’aient pas réagi, et aient au contraire accepté des pratiques en contradiction avec les accords européens. Ainsi, les fonctionnaires européens doivent parler au moins deux langues étrangères. Que l’une d’elle soit obligatoirement l’anglais ne faisait pas partie des accords. Or c’est le cas maintenant. Résultat : l’anglais est la seule langue commune et elle s’impose dès lors à tous.

     

     

     

    Que faire ?  Disons tout d’abord que rien ne peut se faire sans courage politique, qui permettrait de poser certaines questions difficiles aux institutions européennes, et notamment les suivantes. L’Europe souhaite-t-elle une langue unique, l’anglais, pour sa communication interne et externe ? Si oui, la situation sera claire et il appartiendra à la France de l’accepter et de programmer l’enterrement de sa langue, ou alors de réagir. Sinon, quelle politique  linguistique l’Europe entend-elle mettre en œuvre? Voudra-t-elle que la langue du pays à l’origine de l’UE, qui a profondément influencé les autres langues et cultures en Europe et ailleurs, ne soit à terme pas plus importante que des langues de pays périphériques, codifiées tardivement au cours des 19e et 20e siècles. Quelles mesures envisage-t-elle de prendre pour éviter cela ?

     

     

     

    Une fois une politique de défense du français clairement affichée, des accords bilatéraux et multilatéraux pourront être conclus sans ambiguïté. Mais pour cela, il faudra aussi prendre en compte les intérêts des autres langues, et développer le plurilinguisme. Au ministère de la Culture, on présente d’ores et déjà le français comme l’ « ami des langues ». C’est une voie à creuser.

     

     

     

    ·         Défense du plurilinguisme

     

     

     

    Le français n’est pas la seule langue menacée par l’hégémonie de l’anglais, elle est simplement celle qui tombe de plus haut. Il faut donc proposer des politiques linguistiques qui permettent à toutes les langues de se développer, plus ou moins selon leur histoire et leurs ambitions[20].  J’ai fait des propositions en faveur du plurilinguisme dans un certains nombre de  publications[21],  et je n’ai pas la place de les développer ici. Disons brièvement qu’il s’agit pour les systèmes éducatifs européens d’enseigner deux langues qui n’appartiennent pas à la famille de la langue nationale, par exemple pour la France une langue germanique et une langue slave. Les autres langues de ces familles pourraient être apprises, en compréhension seulement en une centaine d’heures grâce aux techniques très efficaces de l’intercompréhension des langues voisines[22]. Les Européens pourraient alors parler leur langue partout en Europe et avoir de bonnes chances d’être compris. Toutes les langues seraient gagnantes, et l’anglais ne serait même pas perdant. Il perdrait juste son monopole de lingua franca. J’ai aussi fait des propositions pour le développement des langues qui n’appartiennent pas aux familles romanes, germaniques et slaves, par exemple des accords entre des pays comme l’Estonie ou la Grèce avec des régions européennes, telles l’Alsace ou le Yorkshire, où elles pourraient investir dans les écoles locales et la vie culturelle et scientifique. Il s’agit aussi de réformer les institutions européennes en imposant aux fonctionnaires européens, à terme, la maîtrise de quatre langues, une par grande famille linguistique, c’est-à-dire le français, l’allemand et une langue slave, plus l’anglais. Une initiation à l’intercompréhension leur permettrait ensuite de comprendre toutes les autres langues. Les débats ne se feraient ainsi plus dans la seule langue anglaise.

     

     

     

    Quelques suggestions pour l’alsacien

     

     

     

    L’alsacien sera plus difficile à sauver que le français. D’une part, une bonne partie de ses locuteurs potentiels ne le parlent plus, et d’autre part, il n’a pas de forme écrite standard et n’a pas été la langue d’une production universelle comme le français. Il faudrait donc faire en sorte que le nombre de locuteurs augmente à nouveau, et réintroduire massivement l’allemand dans le système éducatif.

     

     

     

    ·         Augmenter le nombre de locuteurs natifs

     

     

     

    Disons tout de suite que l’école ne peut remplacer les familles pour l’apprentissage d’une langue maternelle comme l’alsacien. Pour prendre un exemple relevé dans Barthélémy-Vigouroux 2010, les enseignants d’occitan chargés de cette langue dans le primaire ne sont eux-mêmes pas natifs et très peu ont suivi un enseignement d’occitan dans le secondaire. Ils sont formés à l’occitan en une trentaine d’heures à l’IUFM avant de commencer leur travail dans les écoles. Comment croire que le niveau que pourront atteindre leurs élèves soit suffisant pour une véritable conversation avec des natifs, s’ils en rencontrent ? Il est en tout cas invraisemblable qu’ils parlent ensuite occitan à leurs enfants[23]. Il n’y a donc pas de réelles ambitions communicationnelles pour ces langues. Leur enseignement a été mis en place pour des raisons identitaires, bonnes et nécessaires sans doute, mais cela ne pourra pas les sauver. Il est trop tard. Elles pourront subsister pendant un certain temps encore, chez des individus motivés, comme certains apprennent le sanskrit ou le hittite. Mais elles seront en dehors de la vie réelle, déconnectées de l’activité économique et culturelle de la communauté.

     

     

     

    Non, le vrai travail doit être fait dans les familles, qu’il faut encourager à parler en alsacien plutôt qu’en fralsacien à leurs enfants. Pour cela, il faut augmenter le prestige de la langue alsacienne, et cela passe par l’usage de cette langue par les élites et une production intellectuelle et artistique conséquente, valorisée par les media. Une première mesure serait de mettre en place une chaîne de télévision entièrement dialectophone. On pourrait prendre exemple sur le Luxembourg, qui a réussi à maintenir vivant le luxembourgish, une langue très proche de l’alsacien.

     

     

     

    ·         Réintroduire l’allemand à l’école

     

     

     

    L’autre levier est celui de l’école. Il faudrait réintroduire massivement la langue allemande dans les écoles. Les classes bilingues français / allemand qui mènent à l’Abibac, ce baccalauréat franco-allemand passé par environ 250 élèves chaque année, pourraient être un modèle. Il faudrait les développer, en ciblant tout particulièrement les enfants dialectophones. La langue alsacienne devra aussi être enseignée aux natifs comme langue maternelle, et proposée comme langue vivante aux non-natifs en option. Des cursus universitaires devraient être possibles en allemand à l’université de Strasbourg, et il faudrait conclure des accords avec des universités germanophones pour la poursuite des études des Alsaciens en allemand. Ce n’est qu’ainsi que l’alsacien pourra être sauvé.

     

     

     

    Requiescat in pace…

     

     

     

    Mais au moment je termine ce texte, un grand doute et une grande lassitude s’emparent de moi : un sauvetage de l’alsacien est hautement improbable en l’absence d’une prise conscience populaire. Et comment croire qu’un état qui n’est pas capable de prendre sérieusement la défense de la langue nationale puisse mettre en place une politique linguistique efficace en faveur d’une langue régionale…

     

     

     

    Références

     

     

     

    Barthélemy-Vigouroux Alain (2010) : « Ecole primaire : le long chemin vers la cohérence ». A paraître dans Les langues modernes, 4/2010.

     

    Battittu Coyos Jean-Baptiste (2010) : « Avancées et limites actuelles de l’enseignement scolaire de la langue basue en France ». A paraître dans Les langues modernes, 4/2010.

     

    Cabau-Lampa Béatrice (2008) : « Diversification linguistique dans le système éducatif suédois : réalité ou utopie ? » in Les Langues Modernes, n° 3/2008, 75-79

     

    Capucho Filomena (2008) : « ’intercompréhension est-elle une mode? Du linguiste citoyen au citoyen plurilingue » In Revue Pratiques nº 139/140-Linguistique populaire? Cresef. – (pp 238 – 250).

     

    Castagne Eric (2007) : « ’intercompréhension : un concept qui demande une approche multidimentionnelle » In Filomena Capucho, Adriana Martins, Christian Degache & Manuel Tost, (org.) (2007). Diálogos em Intercompreensão. Lisboa: Universidade Católica (pp 461-473).

     

    Cuisiniez Jean-Loup (2009) : Syndicat CFTC, « La question linguistique dans le dialogue social » Assises européennes du plurilinguisme, Berlin 19-20 juin 2009. http://www.observatoireplurilinguisme.eu/ 

     

    Frath Pierre (2009) : « Plurilinguisme et développement de l'allemand, du français et des autres langues ». Assises européennes du plurilinguisme, Berlin 19-20 juin 2009. http://www.observatoireplurilinguisme.eu/ 

     

    Frath Pierre (2008a) : « Une alternative au tout anglais en Europe : pourquoi et comment », Cahiers de l'Institut de Linguistique de Louvain, CILL 32.1-4 (2006), 237-250

     

    Frath Pierre (2008b) : « Insignifiance de la réussite ou réussite de l'insignifiance : l'exemple de certains projets européens », Cahiers du GEPE, n°1 / 2008. L’analyse des pratiques d’évaluation des politiques linguistiques : un objet d’étude  à constituer. C. Truchot & D. Huck, coords.

     

    Frath Pierre (2005) : « Plaidoyer pour une véritable politique des langues pour les non-spécialistes à l'université », in Les Langues Modernes, n° 4/2005, 17-27

     

    Hagège Claude (2001) : Halte à la mort des langues, Éditions Odile Jacob.

     

    Hagège Claude (2006) : Combat pour le français : Au nom de la diversité des langues et des cultures, Éditions Odile Jacob

     

    Hoffet Frédéric (1951) : Psychanalyse de l’Alsace. Flammarion, Paris.

     

    Janin Pierre & Escudé Pierre (2010) : Le point sur l’intercompréhension, clé du plurilinguisme, CLE International.

     

    Pratte Lucie (2009): Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, Canadian Aviation Electronic. Assises européennes du plurilinguisme, Berlin 19-20 juin 2009. http://www.observatoireplurilinguisme.eu/ 

     

       

    [1] Le lecteur intéressé trouvera quantité d’ouvrages développant ces thèmes dans le rayon Alsatiques de la plupart des librairies alsaciennes.

    [2] F. Hoffet fait la remarque (1951 : 203) que les grands écrivains alsaciens, de Sébastien Brant à Germain Muller, en passant par Geiler et Arnold Stoskopf ont été des satiriques. Selon lui, la satire est le genre le plus apte à rendre les paradoxes où se débat l’Alsace. Cette tradition serait donc ancienne.

    [3] Nous n’avons pas connu après-guerre les pratiques extrêmes d’avant-guerre du genre de celles que me racontait mon père. Dans son école, le matin, les maitres et les surveillants distribuaient des jetons à ceux qui étaient surpris à parler l’alsacien, à charge pour eux de  les « refiler » à d’autres qu’ils entendaient s’exprimer dans cette langue. On punissait les pauvres malheureux en possession des jetons le soir.

    [4] Ce lien entre l’allemand et l’alsacien est connu. F. Hoffet le mentionne à plusieurs reprises dans son livre.

    [5] Le passage à l’anglo-tahitien des noms d’entreprise est un signe de cette attitude.

    [6] La Conférence des Grandes Ecoles est en train de mener une charge pour modifier la loi Toubon afin de leur permettre d’enseigner totalement en anglais (mai 2010).

    [7] Voir le site de l’Observatoire Européen du Plurilinguisme, http://plurilinguisme.europe-avenir.com/index.php?option=com_content&task=view&id=1162&Itemid=43. Voir aussi Cabau-Lampa 2008.

    [8] Et encore ne peut-on en être sûr : les parfums français portent de plus en plus souvent des noms en anglais (Flower de Kenzo) ou en franglais (Very Irrésistible). Quant à la dichotomie entre modernité anglophone et tradition française, la publicité l’inscrit déjà dans les esprits : les objets technologiques sont très anglicisés, mais les publicités pour le fromage et la charcuterie sont entièrement en français, et très souvent passéistes.

    [9] Abdou Diouf met là le doigt sur un phénomène tout à fait surprenant : ce sont les non-natifs (comme l’auteur de ces lignes) qui défendent le français, même si leur langue maternelle a elle-même été la victime du français. Ce point serait à creuser.

    [10] http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/presidence-suedoise-de-l-ue-100-en-64595, cité par l’Observatoire Européen du Plurilinguisme.

    [11] Ainsi l’action menée en ce moment en faveur de l’intercompréhension des langues voisines. Voir par exemple Janin & Escudé 2010.

    [12] Pour une critique de la politique linguistique européenne, voir Frath 2008b

    [13] Voir par exemple Hagège 2001 et 2006.

    [14] Voir F. Hoffet (1951) à ce sujet, notamment le chapitre 2.

    [15] Pour la défense du français sur le lieu de travail, voir par exemple Cuisiniez (2009) et Pratte (2009).

    [16] Il semble pourtant que nous prenions collectivement le chemin de l’ignorance : il y a de moins en moins d’étudiants spécialistes en langue et cultures étrangères (LLCE), y compris en anglais, partout en Europe, ce qui est tout de même paradoxal dans un monde qui se prétend ouvert et multiculturel.

    [17] Notons que le nom de notre pays fait partie du club très fermé de ceux qui acceptent les suffixes -phobe et –phile : francophobe / francophile, anglophobe / anglophile, germanophobe / germanophile, russophobe / russophile, à la rigueur américanophobe / américanophile, mais pas italianophile ni spanophobe. Signe sans doute d’une place à part dans les représentations collectives.

    [18] Comme le dit le dicton anglais : « Beauty is in the eye of the beholder »

    [19] Je le fais dans Frath 2005.

    [20] Cet argument est développé dans Frath 2009

    [21] Notamment Frath 2008a

    [22] Voir par exemple Castagne (2007) et Capucho (2008)

    [23] Le problème est le même pour le basque, malgré des avancées remarquables dans la promotion scolaire de cette langue. Voir Battittu Coyos 2010.

     

    Stammtisch du 22 avril 2017

     

    Pour fêter dignement le neuvième anniversaire du stammtisch, Jean Pierre Albrecht et Sylvain Piron ont réussi devant une salle comble à nous entrainer dans une belle sarabande de chansons et récits en alsacien, français, patois normand, sans nous laisser le temps de reprendre notre souffle.

    Jean Pierre Albrecht, bien connu dans sa région est un merveilleux  conteur et chanteur pour enfants et grands, ayant dans sa besace de multiples récompenses dont un bretzel d’or, preuve de son talent. Entre des présentations d’instruments anciens dont le psalmodion qui se jouait encore dans les églises au début du siècle passé, de belles chansons anciennes, entrecoupées de récits où se mêlèrent réalité et légende, firent notre bonheur qu’il partagea avec son air complice de doux géant rêveur.

    Jean Pierre Albrecht se revendique fièrement alsacien et si on lui rétorque que son père est lorrain, il a cette réponse évidente : mon père oui, mais pas moi.

    Sylvain Piron donne le sentiment rare d’une  joie immense de partager la musique qu’il aime en jouant de plusieurs accordéons diatoniques des chansons de sa lointaine Normandie. Il faut le voir, tête en arrière, donnant à l’assemblée une foison de notes qui s’envolent en communion des chansons de marins qu’il entonne d’une voix sans faille. Des chansons à répondre entrainèrent le public à chanter les refrains et à s’essayer au patois normand qui comporte, il faut le souligner, quarante mots différents pour signifier qu’il pleut. Il nous enchanta d’une mini cornemuse créée de toutes pièces à partir d’un gant en plastique qui nous laissa ébahi devant cet imaginaire qui force le respect.

    Un rappel obligé salué par de nombreux applaudissements clôtura ce spectacle qui fut, à en croire des oreilles indiscrètes, le meilleur spectacle de ces cinq dernières années. 

    François Ballis nous fit la surprise après le repas de jouer de son accordéon chromatique et, avec l’aide de nombreux cahiers de chant qu’il mit à la disposition du public, nous fit chanter dans une chorale éphémère  les chansons d’autrefois  qui sont dans nos cœurs le souvenir d’un bonheur.  

     

    Stammtisch du 3 mars 2017

     

    C’est une soixantaine de personnes qui accueilli Lilia Bensedrine, juriste en droit international, et active dans de nombreuses associations œuvrant dans le dialogue interreligieux et l’amitié entre chrétiens et musulmans. Elle participe aussi au GRIC (groupe de recherche islamo-chrétien).

    Son enfance et sa jeunesse tunisienne sont marquées par l’éducation à la diversité. Dans sa famille, juifs, chrétiens et musulmans se côtoient et se parlent car ce sont nos ignorances qui nous divisent. Son père participe aux prières pour la paix à Assise en 1986 et 1993 et il rencontre le Pape Jean Paul II avec lequel il échange. La recherche de la paix transcende toutes les religions.

    L’exposé s’articule en 3 points : un islam, des musulmans (des musulmanes) et enfin fanatiques et progressistes.

    Il y a un islam, avec un seul Dieu, avec un seul livre, le Coran (114 sourates, 6226 versets), parole de Dieu révélée à Mohammed dès 610 de l’ère chrétienne après que l’ange Gabriel lui eut annoncé sa qualité de prophète. Le Coran est un rappel de ce que qui s’est passé avant et il faut se référer à la Bible (Ancien Testament) pour tout comprendre de cette histoire. De Adam à Noé, de Abraham à Moïse, sans oublier Aaron, Salomon, Job et tant d’autres, Marie et même Jésus, tous sont présents dans le Coran. Sauf que Jésus n’y est pas fils de Dieu, mais fils de Marie. Il est nommé Issa, fils de Marie, souffle et verbe de Dieu.

    Même la création, selon le Coran, ressemble à celle décrite par la Genèse, mais Adam et Eve y sont co-responsables du péché originel et leurs descendants ne sont pas marqués par ce péché, ce qui rend le baptême inutile.

    Le Coran donne très peu de directives pour la vie quotidienne. Seulement 3 versets  sont consacrés à la tenue vestimentaire des femmes et ni le foulard, ni les cheveux y sont évoqués.

    La circoncision, non citée dans le Coran, ne concerne qu’une partie des musulmans : c’est une tradition abrahamique qui a survécu dans le Maghreb et dans les pays arabes. Le milliard de musulmans asiatiques ne connaît pas cette pratique. De même pour la lapidation des femmes.

    La beauté de la création dans sa diversité est un signe. Dieu a voulu une seule loi et une seule voie et s’il l’avait voulu, il aurait fait une seule communauté. Mais ainsi, il veut mettre les hommes à l’épreuve du vivre ensemble en nous ayant créés différents.

    Les Musulmans (environ 1,5 milliards) ne sont pas un bloc monolithique. D’Afrique au Maghreb, des pays arabes à l’Asie, les Musulmans sont multiples et différents de par leur culture, leur origine géographique et leur histoire.

    Le temps a manqué pour aborder le problème des progressistes et des intellectuels qui essaient, au péril de leur vie, de faire face aux fanatiques, une très petite minorité de prédateurs, qui dévoient l’islam par un dogmatisme totalitaire et conquérant.

    La conclusion de Madame Bensedrine : nous sommes tous les branches d’un même arbre magnifique dont nous oublions les racines.

    Le Stammtisch invitera à nouveau Madame Bensedrine pour évoquer le combat des progressistes contre l’intégrisme.

     

    Stammtisch du 14 octobre 2016

      

    Vendredi 14 octobre, à Oberbronn, s’est tenu le 2ème stammtisch de la saison autour de Raymond Blaise, forestier à la retraite, bien connu à Niederbronn et à Oberbronn.

    Raymond Blaise est un passionné et ses 79 ans n’ont pas entamé son énergie et ses convictions.

    Il nous a tout d’abord parlé de sa vie de jeune forestier dans les années 1960, dans une maison forestière à 900 m d’altitude au col du Hengst, sans électricité (sauf un petit groupe électrogène) et pas vraiment l’eau courante, avec femme et enfants, mais sans voiture … Les déplacements se faisaient alors essentiellement à vélo, malgré les fortes pentes et des chemins bucoliques mais pas forcément carrossables …

    C’est ensuite son travail de forestier à Philipsbourg puis à Niederbronn qu’il nous a présenté.

    Tout bon forestier se doit de connaître l’histoire et l’évolution de la forêt qu’il prend en charge. Et nous apprenons que nos montagnes étaient couvertes de hêtres et de chênes, essences adaptées à l’environnement particulier des Vosges du Nord, avec quelques peuplements de pins de Hanau vers les tourbières du pays de Bitche.

    L’industrie verrière s’est développée dans notre région grâce à la présence de sable, d’eau et de bois. Le bois transformé en charbon de bois qui permet d’atteindre des températures plus élevées servait à chauffer, mais aussi en utilisant les cendres du bois de hêtre, riches en potasse, à purifier la pâte de verre.

     La métallurgie a suivi pour les mêmes raisons : la présence de sable, de castine (calcaire), d’eau, de minerai de fer et surtout de bois ! Les places de charbonniers pour la production de charbon de bois se sont développées et encore de nos jours on en trouve la trace en forêt. Les hêtres ont payé un lourd tribut à ces deux industries !

    Plus tard, avec la découverte du charbon et du minerai de fer en Lorraine, les industries se sont délocalisées … Pause pour la forêt ? Pas vraiment … C’est à cette époque que l’on plante, que l’on sème plutôt, du pin à tour de bras pour équiper les mines de Lorraine en étais et en plafond. Pourquoi du pin ? Il pousse vite et il craque très fort avant de casser et donne donc le temps de s’échapper en cas de rupture.

     Puis Raymond Blaise nous fait entendre un véritable réquisitoire contre la culture intensive et extensive du pin dans notre région. Acidification des sols et des sources, disparition de tout un écosystème de bestioles et de bactéries, appauvrissement de l’humus forestier, disparition du gibier par manque de nourriture (pas de glands ni de faînes sous les pins !).

    L’ « Administration des Eaux et Forêts » est devenue l’ONF. Cette dernière a adopté depuis sa création une gestion presque exclusivement comptable des ressources forestières, en oubliant les observations de terrain, le pragmatisme dans la gestion et l’exploitation des territoires, la priorité étant toujours donnée au chiffre, au rendement, au détriment de la forêt elle-même.

    Comme tout organisme vivant, la forêt ne se satisfait pas de grilles, de chiffres, de calculs mais a besoin de mise au repos, de soins, du regard et de la présence bienveillante des forestiers pour nous donner plaisir et beau bois. Et ce dont manque le plus la forêt aujourd’hui c’est de cet accompagnement quotidien des forestiers, enfermés derrière leurs ordinateurs au lieu de traverser leur triage.

     Raymond Blaise nous a passionnés pendant plus d’une heure et c’est avec plaisir que nous avons dégusté l’excellent boudin concocté par Philippe le restaurateur.

     

     

    Stammtisch du 17 juin 2016

     

    Le Stammtisch a clôturé le cycle des conférences 2015/2016 avec l’intervention très intéressante de Mr Francis Blum, apiculteur passionné et passionnant de Niederbronn-les-Bains.

    A l’aide d’un diaporama et de grands posters, l’intervenant a présenté la vie de la ruche et de ses occupantes, de la vie de la reine à la vie des nettoyeuses et des ouvrières sans oublier le destin des mâles qui meurent dès leur travail de fécondation accompli auprès de la reine.

    Francis Blum a terminé son exposé par les dangers qui menacent les abeilles, les pesticides mais aussi ce pou ravageur (le varoa) qui mutile les abeilles les empêchant de voler et donc de se nourrir …

    Les abeilles sont un marqueur de la bonne santé écologique d’un territoire mais surtout elles sont déterminantes dans la reproduction et la fructification de nombreuses espèces végétales par leur rôle de pollinisateur. Soyons bienveillants avec ces insectes qui ne sont agressifs que si ils sont menacés … En effet, une abeille n’étant pas suicidaire, elle ne pique qu’une fois car elle meurt après avoir piqué (son dard est arraché lors de la piqure).

    Le Stammtisch reprendra le cycle de ses conférences dès le 23 septembre à 19h au restaurant de l’Ancre à Oberbronn en compagnie de l’association «Cun Ulmer Grün » qui nous présentera les travaux engagés au château du Schoeneck, entre Dambach et Obersteinbach ainsi que ces nouveaux (re)bâtisseurs de châteaux que sont les membres de leur association.

     

    Le stammtisch du 3 juin 2016

     

     Guy Trendel, l’historien, journaliste, écrivain et randonneur bien connu, auteur de nombreux livres, a animé vendredi 3 juin, l’un des derniers Stammtisch de la saison 2015/2016 sur les chemins de « L’Alsace mystérieuse ».

     

     Ce conteur talentueux a emmené son auditoire vers les cascades du Nideck , sur les coulées de lave d’un vieux volcan, à la rencontre d’une jeune fille amoureuse, pour son plus grand malheur, du seigneur de Wangenbourg qui finira par se lasser d’elle et la délaisser.

     

     A Dabo, c’est sur le trône de Wotan que nous avons rêvé, observés par ses deux corbeaux, l’un qui pense et l’autre qui dit, perchés sur leur rocher  (les Rappenfelsen).

     

     D’un saut de chèvre, par-delà le plateau lorrain, nous voilà au sommet du Geisfels qui abrite le passage vers le Walhalla, le royaume de Wotan (ou Odin) où les preux guerriers morts en héros revivent leurs actions d’éclat le jour, et la nuit, se laissent aller à d’énormes festins et beuveries.

     

     Wotan encore, avec ses deux arbres symboliques, le frêne pour l’homme et l’orme pour la femme, annonçant la fin du monde proche si ces deux arbres venaient à être malades et à disparaître.

     

     Le Erbsenfelsen, dans notre région, est la passerelle qui permet à Thor  de rejoindre le ciel quand bon lui semble, les autres dieux se contentant de l’arc-en-ciel pour cela.

     

     Guy Trendel a révélé une partie des mystères de l’Alsace  pendant plus d’une heure, avec passion et conviction … Ce qu’il n’a pas pu raconter, faute de temps, peut se retrouver dans l’un de ses nombreux ouvrages.

     

     Le stammtisch du 13 mai 2016

    C’est une vingtaine de personnes qui a bravé les éléments (un orage assez violent) pour venir au Restaurant « A l’Ancre d’Or » à Oberbronn ce vendredi soir. Et grand bien leur a fait !

    Martin Adamiec, écrivain-poète, comédien, metteur en scène et Serge Libs, musicien, comédien et poète, ont emmené le public, avec leurs textes dans des mondes très différents.

    Emotions, fulgurances, sensorialité vécues au contact de la nature et de l’humanité et traduites en textes poétiques plus ou moins longs, sortes de photographies, d’instantanés de ces moments particuliers de la vie où l’on ressent cette appartenance à un tout qui nous dépasse et nous englobe, un aller et retour entre dehors et dedans. Voilà pour Martin. La démarche de Serge est tout autre : ses textes traduisent un voyage intérieur où les émotions sont suscitées par des associations étranges de mots, de sonorités, de rythmes, de situations, de couleurs … textes hermétiques de prime abord et qui se découvrent en les écoutant … Nos deux amis ont su donner au public très attentif, plusieurs réponses possibles à la question « Aimez-vous la poésie ? », réponses qui ont permis de comprendre que la poésie peut se vivre et se ressentir chacun à sa façon, à condition d’être à l’écoute de ces messages transmis par la nature ou son monde intérieur.

    La soirée s’est terminée par un bon repas.

     

     

    Le Stammtisch du 13 avril 2016

     

    Le Stammtisch était de sortie comme il l'a déjà fait plusieurs fois par le passé.

     

    C'est par une belle matinée "printanière" pour avec pluie, vent et fraîcheur, que les habitués du Stammtisch se sont retrouvés samedi 16 avril pour une sortie à Strasbourg, animée par Béatrice Sommer, guide-conférencière.

     

    L'autocar a déposé le groupe au coeur de Strasbourg et c'est sous les parapluies que la visite insolite de la capitale européenne a commencé. Béatrice Sommer a emmené un auditoire attentif des Ponts-Couverts à la Cathédrale en passant par des rues et passages, à l'écart des lieux les plus connus.

     

    A 13h, le groupe a pu reconstituer ses forces et se réchauffer au "Stadtwappe", place Gutenberg, autour de bouchées à la Reine roboratives mais non moins délicieuses et d'une part de "Forêt-Noire" excellente que les participants auraient aimé faire suivre d'une bonne sieste !!!

     

    Le programme a proposé ensuite une visite  du Musée alsacien, guidée cette fois-ci, par Matou Schneider, ancienne conservatrice de ce musée. C'est à l'occasion d'un stammtisch sur le thème des musées que l'idée a été proposée de visiter ensemble un  musée  et Malou Schneider a suggéré de nous faire découvrir les richesses de ce musée qu'elle a supervisé pendant de nombreuses années.

     

    A 17h, l'autocar  a reconduit à Oberbronn un groupe satisfait et heureux, malgré une météo fraîche et humide, de cette journée conviviale, riche d'histoires et d'Histoire, de découvertes ou de redécouvertes de lieux si proches et cependant méconnus parfois. Expérience à renouveler selon l'avis de tous les participants..

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Au stammtisch le 22 avril.

     

    Pour fêter dignement le neuvième anniversaire du stammtisch, Jean Pierre Albrecht et Sylvain Piron ont réussi devant une salle comble à nous entrainer dans une belle sarabande de chansons et récits en alsacien, français, patois normand, sans nous laisser le temps de reprendre notre souffle.

    Jean Pierre Albrecht, bien connu dans sa région est un merveilleux  conteur et chanteur pour enfants et grands, ayant dans sa besace de multiples récompenses dont un bretzel d’or, preuve de son talent. Entre des présentations d’instruments anciens dont le psalmodion qui se jouait encore dans les églises au début du siècle passé, de belles chansons anciennes entrecoupées de récits où se mêlèrent réalité et légende, firent notre bonheur qu’il partagea avec son air complice de doux géant rêveur.

    Jean Pierre Albrecht se revendique fièrement alsacien et si on lui rétorque que son père est lorrain, il a cette réponse évidente : mon père oui, mais pas moi.

    Sylvain Piron donne le sentiment rare d’une  joie immense de partager la musique qu’il aime en jouant de plusieurs accordéons diatoniques des chansons de sa lointaine Normandie. Il faut le voir, tête en arrière, donnant à l’assemblée une foison de notes qui s’envolent en communion des chansons de marins qu’il entonne d’une voix sans faille. Des chansons à répondre entrainèrent le public à chanter les refrains et à s’essayer au patois normand qui comporte, il faut le souligner, quarante mots différents pour signifier qu’il pleut. Il nous enchanta d’une mini cornemuse créée de toutes pièces à partir d’un gant en plastique qui nous laissa ébahi devant cet imaginaire qui force le respect.

    Un rappel obligé salué par de nombreux applaudissements clôtura ce spectacle qui fut, à en croire des oreilles indiscrètes, le meilleur spectacle de ces cinq dernières années.

    François Ballis nous fit la surprise après le repas de jouer de son accordéon chromatique et, avec l’aide de nombreux cahiers de chant qu’il mit à la disposition du public, nous fit chanter dans une chorale éphémère  les chansons d’autrefois  qui sont dans nos cœurs le souvenir d’un bonheur.  

         

         

     

     

     


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